• Les armes d'Achille

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    Après la victoire d'Hector sur Patrocle, Achille a besoin de nouvelles armes pour pouvoir repartir au combat venger son ami Patrocle. Afin de le pourvoir des meilleures armes possibles, sa mère Thétis demande au dieu Héphaïstos de lui en fabriquer de nouvelles, superbes, que la déesse remet au héros grec.

     

    Les armes d'Achille

     
    Thétis donne à Achille les armes forgées par Héphaïstos
    Hydrie attique à figures noires
    Diamètre 26,5 cm
    575–550 av.JC
    Musée du Louvre

     

     

     

     

     

    Une hydrie est un vase fermé utilisé pour transporter de l'eau dans la Grèce antique. Celle-ci a une panse suffisante pour contenir une scène assez large, en frise, sur laquelle les personnages sont identifiés par des inscriptions.

    Thétis donne ici à son fils Achille les armes forgées par Héphaïstos. Ils ont tous deux la main serrée sur une couronne, ce qui les rapproche énormément et crée un lien fort entre eux (cela montre leur proximité). Cette couronne évoque la gloire à la guerre, qu'Achille a choisie en sachant bien que cela lui vaudrait une mort en pleine jeunesse. Thétis l'a admis, et va tout faire pour lui donner les moyens d'atteindre cette gloire, qu'il préfère à une vie paisible. Achille tient une lance, tandis qu'Ulysse, derrière lui, se retourne.

    La déesse Thétis tend à Achille son bouclier ; elle est suivie par sa sœur, une Néréide du nom de Pontia, qui porte le plastron de la cuirasse et un aryballe, un vase rond contenant de l'huile parfumée. A sa suite, un autre personnage féminin, probablement une autre Néréide, tient le casque et les jambières du guerrier.

    La technique de cette céramique est à figures noires assez raides, mais elle est enrichie par des détails rouges et des motifs fleuris sur les côtés, ce qui la rend finalement très décorative.

     

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    Les armes d'Achille

     
    Thétis apportant son armure à Achille
    Benjamin West (1738-1820)
    Peinture à l'huile sur toile
    H: 68,6 x l: 50,8 cm
    1804
    Los Angeles County Museum of Arts

     

     

    Benjamin West est un peintre né en Amérique, mais qui s'est installé à Londres en 1763, au cours d'une tournée qu'il faisait en Europe. Spécialiste de compositions historiques de grande taille et de registre épique, il a connu un grand succès dans les milieux mondains, et a été élu président de la Royal Academy en 1792, ce qui en fait un peintre académique. Comme beaucoup de ses contemporains, ses toiles mythologiques sont d'inspiration néo-classique, et tentent de proposer de l'antiquité une image idéalisée, inspirée des découvertes archéologiques du XVIIIe siècle à Pompéi et Herculanum en particulier, qu'il avait découvertes au cours de son voyage en Italie.

    Benjamin West a peint deux tableaux inspirés par l'épisode de l'Iliade au cours duquel Thétis apporte à son fils qui pleure la mort de Patrocle, les armes forgées par Héphaïstos. Sur celui-ci, Achille est au chevet de Patrocle, et est rejoint par sa mère Thétis. La position du héros attire le regard du spectateur. Il a une position protectrice face au corps de Patrocle. Son visage exprime à la fois la colère et la douleur d'avoir perdu son ami. Le lit sur lequel repose le corps de Patrocle est richement drapé, évoquant la classe élevée des deux combattants qui étaient dans la haute société grecque. La couleur principale, notamment au travers des rideaux et du manteau d'Achille, est le rouge, évoquant la colère du héros autant que le sang coulé lors du combat avec Hector, et qui s'est soldé par la mort de Patrocle.

    Thétis est située à droite, flottant en l'air au-dessus d'Achille, qui la fixe dans les yeux. La nature divine de la Néréide est exprimée principalement par cette lévitation. Elle tend un casque à son fils, qui étend le bras dans un geste peut-être de refus. Contrairement à une interprétation épique, qui aurait représenté Achille comme un guerrier impatient de retourner au combat, West caractérise ici son personnage comme un jeune homme tourmenté, presque romantique, ce qui est une manière originale de réinterpréter l'épisode homérique.

     

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    Les armes d'Achille

     
    Thétis apportant son armure à Achille
    Benjamin West (1738-1820)
    Peinture à l'huile sur toile
    H: 50,8 x l: 68,6 cm
    1806
    New Britain Museum of American Art

     

     

     

     

     

     

    Ce tableau est le deuxième de la série des peintures de Benjamin West consacrées à l'épisode des armes d'Achille, qu'il a peint deux ans après le premier. Le centre de la composition est occupé par les armes tenues par Thétis : un bouclier magnifique, un glaive dans son fourreau, et un casque. La déesse met la main sur l'épaule de son fils et se penche vers lui, pour tenter de calmer la colère affichée par la mine renfrognée d'Achille. Il est assis à côté du lit où repose Patrocle, dont le visage est caché par l'ombre du lit, et il touche le bras de son ami, comme pour signifier qu'il n'a pas l'intention de le quitter.

    A gauche du tableau sont visibles des soldats Myrmidons, les compagnons d'Achille, levant les mains en l'air, dans des gestes très théâtraux, paraissant effrayés par sa colère, ou au contraire stupéfaits par l'apparition de la déesse qui va donner à leur héros les moyens de se venger. Leurs armures et leurs casques ne sont pas grecs du tout, mais au contraire inspirés par les bas-reliefs romains que West avait pu admirer et dessiner pendant son voyage en Italie : la volonté de reconstitution archéologique est donc manifeste, mais ne s'embarrasse pas de différencier les époques et les civilisations.

    Le tableau est composé en trois parties, avec à gauche la guerre et l'action, à droite le corps de Patrocle qui représente le campement et la mort, et au centre des deux, Achille, qui hésite à quitter le camp et rejoindre la guerre : comme dans le tableau de 1804, cette attitude est assez romantique et offre d'Achille une interprétation originale, puisque le registre épique est du côté des soldats et de la déesse, et pas du côté du héros. Le tableau est plus coloré sur la gauche que sur la droite, décrivant peut-être la dépression régnant dans le camp, en opposition avec l'ardeur du champ de bataille.

     

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    Le bouclier de Flaxman

         
    Ce bouclier précieux, de près d'un mètre de diamètre, témoigne de la fascination des milieux cultivés pour la culture néo-classique, remise au goût du jour à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Il a été fondu à partir d'un dessin préparé par John Flaxman, lui-même inspiré par le texte de l'Iliade dans lequel Homère, au chant XVIII, fait une description précise du fameux bouclier d'Héphaïstos.   Le bouclier d'Achille
      Philip Rundell (1746-1827)
      d'après un prototype de John Flaxman (1755-1826)
      Sculpture en vermeil (argent doré)
      90.5 x 90.5 x 18.0 cm
      1817-1821
      Royal collection trust

     

    « Il jeta dans le feu le bronze dur, l'étain, l'or précieux, l'argent. Il mit ensuite sur son billot une enclume énorme, d'une main prit un marteau puissant et de l'autre des tenailles. Il fit d'abord un bouclier, grand, robuste, bien ouvré en tout sens. Autour, il jeta une bordure brillante, triple, éclatante, et il y suspendit un baudrier d'argent. Il y avait cinq plaques au bouclier lui-même ; et Héphaïstos y fit maint ornement bien ouvré, avec un art savant. Il y représenta la terre, et le ciel, et la mer, le soleil infatigable et la lune pleine, et tous les astres qui couronnent le ciel, les Pléiades, les Hyades, Sa Force Orion, et l'Ourse, appelée aussi Chariot, qui tourne sur place et épie Orion, et, seule, est privée des bains de l'Océan. Il y fit deux villes humaines, belles. Dans l'une, c'étaient noces et festins [...] Autour de l'autre ville campaient deux armées, brillantes sous leurs armes. L'alternative agréée et offerte par les assiégeants était ou de détruire la ville, ou de partager en deux tous les biens que renfermait la cité charmante. Mais les assiégés n'y cédaient pas encore, et, pour une embuscade, s'armaient en secret. Le rempart, leurs femmes, leurs petits enfants le défendaient — ils s'y dressaient —, et aussi les hommes que tenait la vieillesse. Les autres marchaient; à leur tête allaient Arès et Pallas Athénè, tous deux en or et d'or vêtus, beaux et grands avec leurs armes, comme des dieux, et très reconnaissables : les soldats, au-dessous d'eux, étaient plus petits […] Prenant position, ils livraient bataille sur les rives du fleuve ; et les combattants se frappaient les uns les autres, avec leurs piques de bronze. A eux se mêlaient la Discorde, et le Tumulte, et la Divinité funeste du trépas, qui tenait un homme, vivant, mais récemment blessé, un autre sans blessure, un autre mort, qu'à travers la mêlée elle tirait par les pieds. Son vêtement, sur ses épaules, était rouge du sang des hommes. Ces personnages se mêlaient comme des hommes vivants ; ils combattaient, ils tiraient à eux les cadavres les uns des autres. Héphaïstos mettait aussi sur le bouclier une jachère meuble, grasse terre de labour, vaste, qui supporte trois façons. Beaucoup de laboureurs, faisant tourner leurs attelages, les y poussaient çà et là. Quand, ayant fait demi-tour, ils revenaient à la limite du champ, ils prenaient en main une coupe d'un vin doux comme le miel, donnée par un homme qui s'avançait. Et ils retournaient à leur sillon, impatients d'atteindre la limite de la jachère profonde. Elle noircissait derrière eux, et ressemblait à une terre labourée, bien qu'elle fût d'or. Et cet ouvrage était une merveille extraordinaire. »

     


    Emma F. et Aymeric H., 1S6


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