• Le métier d'enquêteur de police

     

    En cours de Littérature et société, nous avons visionné le film Le Nom de la Rose, dont le héros, Guillaume de Baskerville, est inspiré de Sherlock Holmes. A partir de ce film, nous allons parler des méthodes d'investigation d'un certain nombre de héros de fiction, puis nous les comparerons aux méthodes modernes, en allant à la rencontre d'un inspecteur de police..

     

    1/ Guillaume de Baskerville et Sherlock Holmes

    Les méthodes d’enquête fondamentales de Guillaume de Baskerville sont l'observation et la recherche d'indices, l'interrogation des témoins puis la déduction. Il cherche des éléments susceptibles de l'éclairer, les observe correctement puis les relie entre eux de façon à déduire leur cause la plus probable possible.

     

    Messer l’Abbé

    Nous avons trouvé le corps après une tempête de grêle, atrocement mutilé… écrasé sur un rocher au pied du donjon, à la verticale d’une fenêtre qui… comment dirais-je...qui...

    Frère Guillaume

    Qui fut trouvée fermée !

    Messer l’Abbé

    On vous a mis au courant ?

    Frère Guillaume

    Si vous l’aviez retrouvée ouverte, vous n’auriez pas parlé d’un malaise dans les esprits, mais conclu à un accident.

     

    Guillaume se rend donc sur place, observe les indices, la topographie des lieux, émet une hypothèse et fait une expérience qui la confirme :

     

     

     

    Frère Guillaume

    Dis-moi ! Et si... il n’était pas tombé de cette tour-ci, mais de là-bas ; et qu’ensuite, le corps ait... dévalé jusqu’ici ? Hmm ? Adso ! Déjà, nous n’aurions plus besoin du diable !

    Oui, ce sont des traces de sang. C’est de là qu’il est tombé. (D’un ton résolu) Il a sauté !

    Adso

    Oui, il a sauté. Il a sauté... Vous voulez dire que... que le moine s’est suicidé ? !

    Frère Guillaume

    Oui. Sinon pourquoi grimper la nuit là-haut en pleine tempête de grêle, je te le demande ? Certes pas pour admirer le paysage !

    Adso

    Non, mais peut-être... peut-être qu’il s’agit d’un crime ?

    Frère Guillaume

    Et on se serait échiné à remonter le corps tout en haut de la tour ? Alors qu’il eut été si facile de... s’en débarrasser par la trappe aux aumônes. Non...

    Non, mon cher Adso...

    (Jetant un dernier regard vers la tour d’où Adelme s’est jeté)

    ... c’est… élémentaire.

     

    Un clin d'œil à la célèbre formule de Sherlock Holmes, « élémentaire, mon cher Watson »...

     

    2/ Les méthodes d'autres enquêteurs fictifs

     

    Comme Guillaume de Baskerville, Sherlock Holmes et les autres enquêteurs fictifs de la littérature, du cinéma et de la télévision utilisent des méthodes « à l’ancienne », sans trop d'outils matériels, en se servant surtout de leurs capacités intellectuelles et de leur perspicacité. L'esprit d'observation, la logique et l’intuition sont donc leurs principales qualités, ainsi que la mémoire des détails. Ils collectent des indices, rassemblent des informations et des témoignages, émettent des hypothèses, et  font jouer leur esprit de déduction.

     

    Sherlock Holmes   Sherlock Holmes, le héros de Conan Doyle, observe les gens, les objets et les traces matérielles : il les étudie, à la recherche de la moindre anomalie ou du moindre indice physique ou psychologique. Il travaille avec sa mémoire, extraordinaire et pleine de ressources.
      Hercule Poirot, le héros d'Agatha Christie, préfère aux méthodes traditionnelles (qui consistent à chercher des indices) le fait de réfléchir en utilisant ses « petites cellules grises ». Son approche est plus psychologique. Il assemble tous les petits détails pour former un puzzle, qui lui livrera son coupable.
      L'inspecteur Maigret, le héros de Georges Simenon, quant à lui, suit son instinct. Il prend son temps, s'imprègne de l'atmosphère. Il cherche toujours à comprendre la personnalité des gens qui l'entourent, autant lors d'une affaire que dans la vie courante. Les indices matériels de l’intéressent pas, il préfère se mettre à la place de son potentiel meurtrier plutôt que de se fier à la police scientifique, qu'il regarde d'un mauvais œil.
      L'inspecteur Columbo, dans son vieil imperméable, questionne énormément les personnes haut placées qui ont un rapport avec son enquête, il les pousse à bout en surjouant la naïveté, les irrite, avec parvient toujours à obtenir ce qu'il veut. Pour lui, « ce n'est pas trouver le coupable qui importe, mais la manière de le trouver ».
      Quant au mentalist Patrick Jane, il combine un sens aigu de l'observation, de redoutables facultés d'analyse psychologique, parfois de l'hypnose et un culot qui déstabilise souvent les gens qui l'interrogent.

     

    Chaque détective a donc sa propre méthode, sa propre technique, mais parvient toujours à trouver un coupable.

     

     

    3/ Les techniques d'investigation actuelles

    Les techniques actuelles ouvrent beaucoup plus de possibilités à l'enquête, et permettent de prouver plus facilement la culpabilité d'un accusé. Grâce à l'évolution de la science, on peut maintenant prouver que telle personne se trouvait sur une scène de crime. La moindre trace, empreinte, goutte de sang ou de salive est immédiatement collectée et analysée.

     

     

    L'une des premières techniques utilisées dans toutes les enquêtes jusqu'aux années 1970 (elle fut détrônée par les empreintes digitales) est l'anthropométrie. Elle repose sur une analyse biométrique des mesures du corps et du visage d'un individu. Cette technique permet de reconnaître plus facilement un criminel grâce à ces caractéristiques, et ainsi de faire avancer plus rapidement une enquête. Utilisé pour la première fois en 1883, ce procédé est aussi appelé le « bertillonnage » car il a été mis au point par le français Alphonse Bertillon dans les années 80.

     

     

    Plus fiables que les visages, les empreintes digitales sont uniques et infaillibles. A partir de ces traces, des logiciels d'identification permettent par exemple de prouver que l'arme du crime était entre les mains de tel individu.

     

     

    L'ADN surtout est infaillible car aucune personne ne peut avoir le même code génétique qu'une autre : il est unique. Utilisé pour la première fois dans une enquête judiciaire en 1987, il avait été découvert bien avant, dans les années 60. Avec une trace d'ADN trouvée sur une scène de crime, on peut retrouver un meurtrier grâce à des comparaisons. On peut aussi prouver que telle ou telle personne ont un lien génétique, ce qui peut parfois se révéler utile. Toutefois la technique sera rendue plus difficile si plusieurs personnes se trouvaient sur place, c'est pourquoi lorsqu'on découvre un corps, il faut éviter de le manipuler trop longuement et de toucher aux objets à proximité.

     

    Au niveau technologique, les écoutes téléphoniques ou le traçage sont souvent utilisés par la police lors d'une enquête. Les réseaux sociaux sont, eux, des outils très instructifs à notre époque car ils regorgent d'informations et facilitent les recherches des policiers.

     

     

     

    La balistique concerne, quant à elle, l'étude des armes à feu : grâce aux douilles, on peut identifier l'arme, ses caractéristiques, sa trajectoire, à quelle distance les projectiles ont été tirés et par combien de personnes, etc... Ensuite, on peut comparer d'autres douilles pour savoir si c'est la même arme qui a servi.

     

     

    Enfin, le luminol : la plupart du temps, il est utilisé en criminalistique pour retrouver la moindre trace de sang (le sang réagit au luminol en devenant bleu sous une lumière d'un vert puissant) même s'il a été lavé, invisible à l’œil nu. Cette méthode permet par exemple de prouver qu'une personne a perdu beaucoup de sang dans tel ou tel endroit, ou de voir si un corps a été déplacé. Le luminol a aussi une autre propriété, moins connue mais tout aussi utilisée : il détecte la présence de cuivre, de fer, et de cyanure.

     


     

     

    4/ Témoignage

    Nous avons interviewé un policier travaillant dans la police judiciaire à Perpignan : il nous a raconté beaucoup de choses très intéressantes. Mais surtout il nous a décrit les différences entre le métier d'enquêteur de police dans la réalité, et les techniques scientifiques modernes que l'on voit dans les séries télévisées.

     

    Séries

    Réalité

    Les enquêteurs utilisent les indices. Les enquêteurs utilisent aussi des indices. 
    La découverte des indices est rapide. Il faut environ 6 mois pour trouver une correspondance ADN. 
    On utilise la reconnaissance faciale. La reconnaissance faciale n'existe pas. 
    On a besoin de mandats de perquisition. Pas de mandats de perquisition.
    Les scientifiques et les inspecteurs s'occupent de tout. Ils s'occupent seulement des prélèvements, l'inspecteur ne fait pas tout. 
    Il y a des courses poursuites. Il y a aussi des courses poursuites, mais en voitures et à pied. C'est surtout le rôle des gendarmes.
    Il y a des psychologues dans les enquêtes. Il n'y en a pas du tout. 
    Sherlock Homes déduit beaucoup de choses à partir de peu d'éléments. Le sens de déduction n'est pas aussi présent. 
    Les témoins ne sont pas tous interrogés. Tous les proches, les connaissances, les témoins, les voisins sont interrogés. 
    Dans les séries récentes, les inspecteurs utilisent du luminol + une lampe spécifique. De même, ils utilisent du luminol + une lampe spécifique. 
    Il n'y a jamais de papiers administratifs. Tout est tapé à l'ordinateur.  
    On utilise très souvent les armes, on n'hésite pas à s'en servir. On utilise les armes seulement en cas d'urgence.
    Citation du policier interviewé :
    « Un bon flic est un policier qui n'a jamais utilisé son arme au cours de sa carrière. »


    Le métier d'enquêteur de police

     

    « Pour ma part, j'ai raté deux fois mon bac et j'ai tout simplement passé un concours afin de devenir policier juridique. Ce qui signifie que pour l’être, il n'y a pas besoin de faire de longues études. »

    «  On peut très bien commencer sur la voie publique, passer par le service de la douane, le service financier, et finir sa carrière à la section photographie. »

    Son métier est donc polyvalent, et ses fonctions ne dépendent pas de ses diplômes mais de ses envies et de ses capacités (toujours avec l'accord de son supérieur bien sûr).

     

     

     

    Il nous a appris que les chiens policiers avaient de nombreuses qualités telles que le fait de reconnaître :

    • l'odeur des billets à proximité ;
    • l'odeur de la drogue ;
    • les différentes odeurs des gens, notamment des cadavres, etc.

     

    Il nous a confié : « Maintenant, la police judiciaire possède plus de moyens financiers pour ses enquêtes et de nouveaux uniformes. »

    Ils nous a aussi parlé des évolutions juridiques concernant en particulier la garde à vue. Auparavant, on rédigeait seulement quelques pages tandis qu'aujourd'hui, il y en a plus : il faut citer les droits de l'individu, etc...



    Conclusion

    Le métier d'enquêteur de police et les techniques scientifiques au service des enquêtes policières sont très variés et dépendent des époques autant que des styles d'enquête. Si l'on compare les techniques scientifiques de la réalité avec les œuvres de fiction, on se rend compte qu'il y a de nombreuses différences. Ce qui ne nous empêche pas d'apprécier ces romans, ces films ou ces séries policières, qui remportent toujours un grand succès.

     


     Léa B., Laila B.A et Leila B, 217.